28 févr. 2013

Terra incognita : décroche la lyre

Jusqu’ici le repentir est interdit. Plus intéressant réfléchir et chercher d’où procède l’insatiable désir de tout renier, tout détruire, comme Sodome sous le feu spermatique de l’Éternel. Où es-tu Abraham ? Qui intercèdera ? Qui marchandera ?
Le capitaine Dupré écrit pour maçonner la Cité. Érection d’édifices, tours incohérentes habitées par des hommes et des femmes en pleine possession de leurs corps et esprits. En-deçà du sens, cette forme liée de la pensée. Détruire la parole. J’irai cueillir, moi, capitaine Dupré, du Combat le fils au cimier effrayant, j’irai cueillir un épi de blé, en silence, et cela sera un grand mystère.
Vois, Witold, comme à chaque fois le capitaine décroche la lyre de son arbre !
Mes doigts brûlent de pincer la corde, ma bouche a soif de chanter, ma gorge attend de se serrer et mes yeux de se mouiller, mais rien n’arrive. Arrive le sentiment, chaque fois plus fort, que tout est supercherie.
Witold ; j’ai aimé l’autre homme de Palermo, brutalité et violence ont trouvé leur chemin en vous ; pourquoi lorsque j’allai (comme une fille après son premier amant) trouver l’un, je découvrais l’autre ? J’aimerais parler de tendresse. Achille, le fou furieux, savait pincer la lyre et verser de tendres larmes sur son bel écuyer. N’ai-je pas abattu trois cents génisses et interdit que leur viande fût cuite dans le lait de leurs mères ?

27 févr. 2013

Terra incognita : Yeah

ô Vision odieuse les dizaines de papillons ô jaunes et bruns s’affairer sur les grappes du lilas ; avidement ô se jeter
d’une branche à l’autre, bondir comme des bêtes sanguinaires ô sur une bête effondrée ; jamais repus ; faim plus tenace que
le feu ; carnage de fleur.

Le géant abandonne sa viande à la tourbe. Yeah. Démence figée dans les veines. Légère douleur au crâne au-dessus de l’œil gauche.

Hey capitaine Dupré, derviche, entends-tu hurler le Mot pendant des heures (l’expectorer, le cracher, le vomir, etc.), il fond dans la bave corrosive du saint homme, le Mot laisse l’écorce et c’est du souffle à la surface de la Terre, soulevant la poussière, assemblant les nuages, jetant les vagues sur les digues, déracinant arbres poteaux toitures arrachant spores pollens décornant vaches décoiffant les filles jambes cuisses pieds gorges (hey capitaine Dupré à quoi rêves-tu ?) lèvre lèvre les genoux à terre tu pries un dieu.
« Écrivez le Mot dans le rôle, écrivez D.U.P.R.É. Je ne ne sais rien faire mais j’apprends vite. Jamais navigué. Si j’arrête de boire que se passera-t-il ? On te passe par dessus bord, le Mot est écrit au crayon à papier, t’inquiète, tu tombes, j’ai la gomme. »
Donc Dupré est à la baille, coulé, noyé, absorbé, englouti. Une poignée de gros sel dans l’océan et vlà tes funérailles ô.

Hypermarché (40)

Le sergent-enquêteur Nixon dit « ouais » et ajuste son regard sur la crête des résineux qui bordent le cimetière de Priceville, East Tupelo. Le ciel, les stèles mortuaires, le toit des quelques bicoques et l’église baptiste du révérend Johnson. Sur la route de Feemster Lake. Tout est figé.
« Sergent Nixon, veuillez nous remettre votre arme.
– Montrez vos plaques ou je vous coffre pour destruction de preuves.
– Agents spéciaux White et Morales.
– Vous êtes loin de chez vous, G-men. C’était pas écrit dessus que c’était le FBI. Mon flingue reste dans son étui. Qui se douterait que le Bureau s’intéresse à une affaire de profanation de sépulture au fin fond du Mississippi… J’ai agi selon la procédure.
– Les agents spéciaux Morales et White ne souhaitaient pas attirer l’attention de nos concitoyens sur le fait que le Département de la justice s’intéresse, je vous cite (et Don Lennox fait le signe des guillemets avec les doigts), “à une affaire de profanation de sépulture”. Je crains que votre coup de feu n’ait réduit à néant cette légitime aspiration.
– Le révérend Johnson aurait-il des ennuis de santé ?
– Vous dites, Nixon ?
– Oui, je vois. (Là, c’est l’agent Morales qui cause.) Le révérend est en ce moment dans le bureau du gouverneur. Avec le shérif Reed, Ed Barclay et le capitaine Doggan.
– Vous êtes plutôt dégourdi, mon gars.
– Écoutez, sergent, l’agent White et moi ne souhaitons pas piétiner votre enquête. Mais vos manières de Petit Blanc pourraient vous coûter votre carrière. Restez à votre place et tout ira bien.
– Vous espériez quoi, messieurs, en venant jusqu’ici ? Empêcher des millions de tarés de penser que ce trou vide n’était pas celui de Jesse Garon Presley ? »

26 févr. 2013

Hypermarché (39)

« Salut, Donovan. T’as le bonjour de ma femme. Au fait, ça veut dire quoi le T, dans Donovan T. Lennox ?
– Bonjour, sergent. Rejet caractéristique de l’autorité. Faudrait en parler à un psy. Cody.
– Qu’est-ce qui t’amène chez moi, capitaine ?
– Un trou, sergent Nixon. Juste un trou. »
Le poing de Cody se ferme comme un porc-épic et devient blanc aux jointures. Et grenat sous l’épaisse pilosité de ses chairs. Donovan Tarlouze Lennox enfonce ses mains dans les poches de son costard CK à 1 000 dollars. Décontracté. Don mate le sergent Cody Nixon, quarante-deux ans. Fringues : jean brut, chemise blanche sans cravate, veston foncé. Don regarde les grolles du sergent : « J’adore vos Mephisto, serg… ». Cody tourne les talons et sort son arme. Il avance tranquillement de quelques pas. Le revolver pointé vers le sol. Bras décollé du corps. Il crie, « hep, vous là-bas, police de Tupelo ! Mains derrière la tête ! ». Les deux hommes en costume sombre regardent sans réagir. Ils sont à une vingtaine de mètres, derrière une rangée de tombes. Cody dirige son arme vers le ciel et tire une balle. « J’ai dit : les mains derrière la tête, tas de cons. » La détonnation fait tache d’huile dans l’air opaque. Les deux types lèvent les bras et gueulent : « Bordel, Lennox, dites à ce redneck de ranger son artillerie !
– Grosse bourde, sergent. Ces gars sont des fédéraux.
– Rien à foutre. Capitaine. Ils piétinent ma scène de crime. (Puis Cody hurle en direction des fédéraux.) Écartez-vous de là où je vous mets au régime sans sel. »
Les deux fédéraux s’écartent. Comme des crabes. Cody rengaine son flingue. Après avoir éjecté et rangé la douille vide dans sa poche de veston. Et remis une bastos neuve dans le barillet. Il avance. Un minuscule tas de terre fraîche. Une pierre tombale vierge de toute inscription. À la renverse. Le trou mesure soixante centimètres sur quarante.
« Une tombe de gosse. », dit Nixon.

25 févr. 2013

Hypermarché (38)

Parking de l’église baptiste de Priceville, East Tupelo.
Le sergent Cody Nixon se range à côté de la voiture pie du comté. « Qu’est-ce que les branleurs du shérif me foutent comme bordel », murmure-t-il. Cody rentre le ventre et remonte la ceinture. Le ciel ressemble vaguement à une assiette d’œufs brouillés et l’officier Nixon, police de Tupelo, est plutôt rogue, quant à lui. Rapport à madame ex-Cody Nixon, née et retournée Lizbeth Duval depuis vingt-six mois. Et maintenant à la colle avec Donovan T. Lennox, T. comme Tarlouze, Tafiole, Tantouze et capitaine au bureau du shérif. Lennox est un jeune politicard de trente-deux ans. Mais l’ex-madame Nixon se tamponne des états de service du bleu-bite Lennox. De Baldwyn à Verona, État du Mississippi, Don est pressenti comme le futur shérif du comté de Lee. Et dans le lit de Lyz, Don fait déjà la loi.

23 févr. 2013

Hypermarché (37)

Tupelo, Mississippi.
« Visite de courtoisie », se dit Cody. La Corvette violine est garée dans l’allée. La lumière brûle dans la cuisine : Lyz est chez elle. Le sergent-enquêteur déclenche la sirène. Un coup bref. Le sergent se racle la gorge et empoigne le micro du haut-parleur embarqué. Accent traînard : « M’ame Nixon, c’est ton mari, Cody Nixon. » Lizbeth Duval apparaît sur l’étroit perron de pin Douglas.
« Cody Nixon, que m’vaut l’honneur ? »
Le sergent Nixon sort du véhicule.
« ’Jour, m’ame Nixon. Je m’suis dit qu’un café serait p’t-être bien sur l’feu à m’attendre.
– J’en fais plus d’café, Cody. Don boit que du thé.
– Cette vieille tante de Président aussi. »
Lyz s’appuie au bastaing de soutènement.
« C’est un vrai cadeau au pieu. Enfin, je veux dire Don, pas cette vieille tante de Président. »
Le sergent ne bronche pas. Le sergent fixe Lyz avec le même sourire.
« Il paraît que la grosse Linda Houston lui fait du café, m’ame Nixon, enfin, je veux parler de Donovan Tarlouze Lennox, pas de cette vieille tante de Président.
– Garde ton numéro de plouc sudiste pour les touristes de Saltillo Road. Salut. »
Lyz claque la porte.

22 févr. 2013

Hypermarché (36)

Camp Peary, la « Ferme » de la CIA, Virginie.
Le Professeur biologiste (Allan Robert) s’amuse à faire les anneaux olympiques avec sa chope décorée aux armes de l’Agence. Les traces lavasses du thé font gondoler le brouillon du rapport estampillé « Projet Saltillo ». La copie au propre est destinée au Président. Le projet Saltillo est illégal. Le Président a fermement ordonné le Secret Absolu.
Le cinquième anneau olympique est partiel mais Al est satisfait de son rapport. Ses conclusions mettront un terme définitif au projet Saltillo et son équipe pourra reprendre son train-train au sein du centre de formation des assassins de l’Agence.
Rapport, Projet Saltillo : « Les séquences nucléotides prélevées sur la dépouille mortuaire du défunt Elvis Aron Presley s’avèrent inutilisables. Bien que le corps du sujet ait été remarquablement bien conservé, il semblerait que son ADN ait subi une mutation majeure susceptible de compromettre toute procédure de clonage. Les bases puriques et pyrimidiques ont subi des altérations irrémédiables rendant toute duplication IMPOSSIBLE OU FORTEMENT ALÉATOIRE. Les causes de cette mutation génétique seraient à chercher du côté des doses éléphantesques de barbituriques et amphétamines absorbées par le sujet Presley durant la dernière période de sa vie. »

21 févr. 2013

Hypermarché (35)

« … En attendant de pouvoir localiser l’endroit où est retenu Beny (c’est toujours Will qui parle), de l’éliminer et de ramener son cadavre sur le sol américain. Ce sera là un spectaculaire moyen de commencer votre mandat, monsieur : le Président écrase le Mal ! Ben Laden est empaillé et sert de carpette dans le bureau ovale ! Avec ça, on aura le temps de voir venir.
– Mais ne risque-t-on pas de jeter le trouble dans l’opinion ? Barack l’a tué !
– Nous sommes Républicains, monsieur. L’Amérique blanche, anglo-saxonne et protestante n’a jamais fait confiance à ce Nègre. On ramènera Beny et on réaffirmera haut et fort les valeurs du Monde Libre, celle de la morale, celle du triomphe du Bien contre le Mal. »
Le Président se tourne vers les responsables de la CIA.
« Donc, pas de bombe H ? »
Le directeur-adjoint du renseignement regarde le bout de ses chaussures. Le Professeur biologiste s’éponge le front avec un kleenex. Le directeur-adjoint aux actions culturelles de la CIA rougit et se lance.
« Monsieur le Président…
– Depuis combien de temps êtes-vous à l’Agence, mon garçon ?
– Dix ans, monsieur.
– Vous devez avoir dans les trente-cinq ans, je pense, non ?
– C’est exact, monsieur le Président.
– Vous devez être une sorte de petit génie formé dans une de ces grandes universités de la côte Est, je suppose, pour vous retrouver à trente-cinq ans directeur-adjoint aux affaires culturelles de la CIA. Alors, bordel de Dieu, tâchez d’être convainquant, jeune homme ou je vous envoie en mission spéciale dans la zone tribale du Pakistan !
– Je… Je crois qu’il faut cloner Elvis Presley, monsieur le Président. »
Le Président s’assoit sur un siège du premier rang de la salle de projection privée. Il regarde le visage en gros plan du jeune Lennon, cheveux en bataille.

19 févr. 2013

Hypermarché (34)

Le directeur-ajoint du renseignement se lève, réajuste sa cravate et se lance en automate dans le récit de la capture de Ben Laden.
« Monsieur le Président, l’Agence détient Oussama Ben Laden depuis mai 2002. Il a été capturé par un commando des forces spéciales lors d’une opération menée illégalement en zone tribale pakistanaise [le Président fronce les sourcils]. Les quinze marines du commando ont ensuite été effacés sur ordre du président Bush, afin que le secret ne transpire jamais [le Président croise les jambes et se touche discrètement les aisselles]. Ben Laden a été transféré dans une de nos prisons secrètes en Moldavie [le Président lance un pouce approbateur et manucuré en direction du directeur-adjoint et laisse fuser un « YES ! »]. La seule à ce jour qui n’ait pas été dévoilée à l’opinion publique. Nous l’y détenions depuis cinq ans lorsqu’un tremblement de terre a détruit le bâtiment où était retenu le prisonnier. Il a survécu au séisme et s’est enfui [le Président tire sur les pans de sa veste de tailleur]. Les autorités moldaves ignoraient l’identité réelle du prisonnier (ils croyaient qu’il s’agissait d’un second couteau d’Al Qaida).
– Mince, je croyais que Barack l’avait buté ce sale con de Beny L.
– Monsieur le Président, il ne faut pas croire tout ce que dit la Maison Blanche.
– C’est vrai ? Je n’arrive pas à m’y faire. Bon, continuons. Vous disiez que Beny s’était enfui ?
– Le prisonnier a ensuite été intercepté à la frontière alors qu’il tentait de la passer sous une fausse identité. Depuis ce jour, les Moldaves le détiennent dans un lieu que nous n’avons toujours pas su localiser et menacent de livrer le prisonnier aux Chinois si nous tentons quoi que ce soit contre eux. En échange de leur silence, les autorités moldaves ont exigé que nous les laissions mener à terme le projet Gandac.
– Gandac ? Bordel de Dieu, qu’est-ce que vous me racontez tous là-dedans ?
– Ce que ces messieurs de la CIA sont en train de nous expliquer, monsieur (c’est maintenant le Conseiller diplomatique qui parle), c’est que nous sommes dans la merde.
– Merci pour votre brillante analyse, Will.
– Nous sommes dans la merde. Mais il faut riposter de manière proportionnée et circonstanciée… »

15 févr. 2013

Hypermarché (33)

Le Président cligne des paupières — fard gris perle —, fait un O avec sa bouche sexy et réajuste la jupe de son tailleur rouge. Puis, mains sur les hanches et voix pincée : « Vous êtes en train de me raconter que des clodos cocos ont cloné des gens et qu’ils ont choisi l’ADN des Beatles ? Mais dites donc, les fortiches de la CIA, vous me prenez pour une cruche ou quoi ? Je sais bien que Ringo et Paul McCartney sont encore vivants ! ».
La tête de John Lennon enfant, sur l’écran.
Le Professeur biologiste se rassoit. Le directeur-adjoint aux actions culturelles se lève.
« Monsieur le Président, en effet Ringo Starr et Paul MacCartney sont vivants, mais cette euh expérience révèle surtout que la Moldavie… »
« Fermez-la. (Le Président fronce les sourcils.) Jusqu’à hier j’ignorais totalement l’existence de ce pays. Bob m’a montré sur une carte de l’Italie. C’est le trou du cul du monde. Et ce sont des communistes. Et je n’ai pas l’intention de laisser des cocos faire ce qu’ils veulent sur ma planète, je vous le dis, messieurs. On va bombarder la Moldavie. Quant à Poutine je lui carre une ogive dans le cul s’il fait semblant de bouger. Une seule bombe H devrait suffire pour rayer cette nation de merdeux de la carte du Pacifique. Hein, Bob ? »
« C’est que, monsieur le Président, les Moldaves nous tiennent par les couilles… »
Le Président s’immobilise. Et adresse une grimace interrogative en direction de son conseiller diplomatique. Yeux écarquillés et paumes ouvertes.
« … Ils menacent de livrer Ben Laden aux Chinois si nous tentons quoi que ce soit contre eux.
– Pardon ?
– Les Moldaves détiennent Ben Laden, monsieur le Président. »
Le Président détache chaque syllabe :
« Les
Mol
Daves

Tiennent
Ben
La
Den… »
Puis le Président explose : « Putain de merde, qu’est-ce que c’est que cette connerie ! »
Les conseillers, les directeurs-adjoints de la CIA et le Professeur biologiste baissent la tête.

14 févr. 2013

Hypermarché (32)

LE PROBLÈME D’ELVIS PRESLEY, MAINTENANT

« Monsieur le Président, ce film nous a été envoyé par un contact moldave. »
Une salle de projection privée, Washington DC.
Sur l’écran : un film numérique en basse résolution, typique d’un téléphone portable. Quatre petits garçons âgés de cinq ans (environ) s’amusent sur un toboggan. Il n’y a pas de son.
Sont présents dans la salle de projection : le Président, le Conseiller culturel, le Conseiller diplomatique, le directeur-adjoint du renseignement de la CIA, le directeur-adjoint aux actions culturelles de la CIA et le Professeur biologiste, directeur de recherches à Camp Peary, la « Ferme » de l’Agence.
Le Président pince les lèvres. Son lipstick est rouge vif et brillant.
« Après un travail de renseignement mené depuis sept ans par nos agents à Chisinau — la capitale du pays —, l’Agence sait avec certitude que l’État moldave a entrepris l’opération la plus folle jamais lancée par une nation depuis l’avènement des sciences du génome humain. (Le directeur-adjoint du renseignement de la CIA se racle la gorge.) Monsieur, des scientifiques moldaves ont cloné les Beatles… »
Le président dévisage le directeur-adjoint du renseignement. Un silence de mort plombe la salle de projection. Le Professeur biologiste se lève. Le directeur-adjoint du renseignement se rassoit. L’image se fige sur pause : on voit le visage hilare de John Winston Lennon, cinq ans. Quelques pixels déforment sa joue droite.
Le Professeur biologiste prend la parole.
« C’est techniquement et médicalement possible, monsieur. Des essais concluants ont été menés dans nos laboratoires de Camp Peary. »

13 févr. 2013

Hypermarché (31)

ZÉRO
Elvis Presley avance dans le long couloir blanc. Une bouffée de fumée noire s’échappe de la porte au fond à droite. Elvis Presley avance et pénètre dans le bureau. Elvis Presley regarde la fumée de cordite se dissiper dans l’air confiné du bureau du chef de la sécurité. Elvis Presley tousse.
« Nous avons un problème, les gars. »

12 févr. 2013

Hypermarché (30)

01
« Putain, Ron, Ron ! Non ! » Les balles de Glock traversent l’air aveuglant, perforent la cloison de placo du poste et se disloquent contre le mur en béton. Bob C. se protège les yeux avec son arme. Le flash concentre l’énergie d’une éruption solaire.

11 févr. 2013

Hypermarché (29)

02
Jesse entend le cœur d’Emmy. Il bat faiblement. Une lumière blanche jaillit du cœur d’Emmy. Plus forte que tout.

9 févr. 2013

Hypermarché (28)

03
« Merde ! Merde ! C’est quoi cette chose ! ». « C’est une saloperie de prothèse ! La bousille pas ! »

7 févr. 2013

Hypermarché (26)

05
Emmy n’a plus de nez. Elle n’a plus de joues. Elle n’a plus d’yeux. Elle n’a plus d’oreilles. L’orifice informe de sa bouche édentée. L’orifice cartilagineux de sa fosse nasale. Un tremblement de magnitude 8 sur l’échelle de Richter saccage son corps. Ron P. avance en toussant dans les escaliers en colimaçon. Bob C. gueule : « Il nous les faut vivants ! T’entends, Ron ? Vivants ! ». Ron P. avance dos collé au mur, doigt sur la détente, canon du Glock pointé au sol.

5 févr. 2013

Hypermarché (24)

07
La langue de Jesse fouette sans piété la prothèse-araignée couinante. La prothèse s’immobilise. Elle est prête à bondir puis se retourne et détale hors du poste de vidéo-surveillance.

4 févr. 2013

Hypermarché (23)

08
Les pattes noires blessent les tempes d’Emmy. Elles percent les peaux. Le sang coule comme un ru d’été le long d’une route et d’un talus verdoyant. La prothèse d’Emmy vibre comme un téléphone portable et les immondes pattes velues noires déchirent les chairs d’Emmy. Emmy enfonce les pouces sous la coque de la prothèse MIKI. Les mots d’Emmy sont comme une bouillie, un gruau, un brouet, d-o-n-n-e-m-o-i-t-a-f-o-r-c-e. Un hurlement de fureur électronique traverse l’air à la vitesse d’un martinet fusant dans le ciel d’août. La prothèse MIKI couine avec fureur, ses pattes ignobles griffent haineusement l’air à la recherche de chairs vives à écorcher. La prothèse MIKI rebondit contre le mur opposé et tombe sur le sol et se reçoit sur ses répugnantes pattes velues noires qui piquent la moquette écrue-rouge de sang comme des aiguilles de tatoueur.

2 févr. 2013

Hypermarché (22)

09
Une horrible explosion déchire le rez-de-chaussée et égaille les rayons en minuscules éclats incandescents.