30 août 2013

Le Nuage (40)

L’officier Mentès fume l’épaisse fumée dorée roule sur les lèvres charnues noires comme une figue le Persil et Violettes saupoudre des paillettes de cristal sur sa peau sombre les hôtesses aux seins rapides apportent la carte des consommations elles ont flairé les flics le Persil et Violettes est un repaire de flics ont l’habitude ce ne sont pas eux qui cognent le plus fort ont vu des salauds qui parlaient d’aurores à sept blocs de là doigts de rose effleurant l’acier de l’écluse orientale porte de quatre cents mètres promesses qui se soldent toujours par une virée en 4x4 un trou dans la tourbe glauque remugle perpétuellement remué par les marées folles qui lèchent les immeubles-digues de la ville parce que ces gros porcs du Persil et Violettes chialent de ne plus sentir la vie.

28 août 2013

Le Nuage (39)

Le flic Mentès injecte le Nuage le Nuage s’empare du cerveau le pénètre le triture le code le Nuage prépare le grand show retrouvailles père-fils tendres larmes [OR LE CHŒUR DIT : tu l’as compris, aimable clientèle les dés sont pipés.]

27 août 2013

Le Nuage (38)

Ulysses is back ! [LE CHŒUR : pour apaiser les maux du monde] mais que racontez-vous dit Télémaque cela m’est étranger galimatias paroles insensées le président est mort me chantez-vous mais je m’en fous j’ai d’autres chats à fouetter tu fais partie dit Mentès du plan le seul que nous servons c’est un complot Oreste est l’imposteur.

26 août 2013

Le Nuage (37)

— Car le Nuage peut maintenir les masses
Consommatrices au-dessus de l’abîme
Les soulever dans l’empyrée sans crise
Comme le ciel cloue l’oiseau au-dessus
La fin est proche si nous n’agissons pas
— La fureur vient rien ne pourra stopper
Les eaux amères Ithaque sombrera
Lors ils voudront détruire pour refaire
Exactement la même connerie

8 août 2013

Le Nuage (36)

— Le vieux Laërte se tait dans le Nuage
[LE CHŒUR SE MOQUE : le vieux crache sa chique
Au bord de l’eau] son avatar ânonne
Des mots gâchés [LE CHŒUR : la nuit la nuit…]
On ne sait pas ce qui sort c’est brouillé
[LE CHŒUR SE MOQUE : mots nimbés de brouillard…]
Ça ressemble à : — ainsi les hommes tombent
Dans le Tartare dans le trou de l’Œil Rond
Ils mangent tout machines sans aplomb
Ils sont obèses peau poils cheveux plombés
Leurs yeux éteints leurs corps peinent à jouir
Consommateurs vous me faîtes gerber
Vos ambitions sont toc vos vœux factices
Vos idéaux sont plats sponsorisés
Vos réflexions sont des cris des slogans 
Vos attitudes sont des contrefaçons
Vos amitiés des investissements
— Que chantes-tu ? dit Télémaque inquiet
— Ces abrutis à bas prix avec joie
Bradent leur vie à l’Œil Rond au Nuage
— Que chantes-tu ? dit Télémaque inquiet
— Ulysse vit ! le king de l’Est is back
La noble Ithaque se tord dans les filets
D’une frustration continue programmée
Elle n’a jamais depuis la nuit des temps
Tant consommé la ville est un charnier
D’hommes vivants — tous les jours nous chargeons
Jusqu’à la gueule les trains de condamnés
Surendettés pour nourrir l’appétit
Illimité des usines de l’Est

7 août 2013

Le Nuage (35)

— Venez silence ! les voix sont moins audibles
— Que voulez-vous ? demande Télémaque
Bruits de pas coups la porte se referme